PAPA, il y a quelques temps maintenant que je réfléchis à ce texte, sans doute pour me préparer, comme tu as tenté de le faire toute notre vie avec tes « p't'être à ce midi » quand tu partais le matin et tes « p't'être à ce soir » après le déjeuner. Malheureusement, on a beau connaître l'issue inévitable, le fait est qu'il n'existe pas de moyen d'y être prêt.
ALAIN, c'était ton prénom, mais au fil du temps et des rencontres de ta vie, tu as été tour à tour : mon fils, frangin, mon chéri, papa, tonton Alain, le Plombier, Lalain, papy moto ou encore papounet. Plein de petits surnoms et pourtant tu étais UNIQUE ! « Un Cas » comme tu aimais le dire ces dernières années.
Il y a tellement à dire, tu as vécu plusieurs vies en une :
Tu as été apprenti, salarié, ton propre patron et un chef d'entreprise apprécié et respecté pour ton travail de qualité, ta disponibilité et ta gentillesse.
Tu as rêvé d'être cuisinier sur Le France, mais tu as été couvreur-zingueur-ardoisier, commercial dans les cheminées, plombier-chauffagiste, nettoyeur de puits, technicien de maintenance en climatisation. Un CV atypique, varié où ton professionnalisme et ton talent n'ont cessé de s'exprimer.
Tu as vécu à Angers, Strasbourg, Paris, Valleiry, Saint-Laurent-des-Autels, Loisin et enfin Bons-en-Chablais.
Tu as en partie bâti 3 maisons : la 1ère tu étais jeune et en famille sur l'île de Noirmoutier ; la 2ème à Saint-Laurent-des-Autels dans le Maine-et-Loire pour abriter ton foyer, Notre famille et la 3ème à Bons-en-Chablais en Haute-Savoie, ta maison en bois où il fait si bon vivre que tu as souhaité y expirer ton dernier souffle.
Tu aimais la moto, la Formule 1, les rallyes, le biathlon, la voile et les régates ; tu as pratiqué le moto-cross, l'enduro, la moto sur route, le VTT, le vélo, le karting, le ski et la pêche en mer. Tu n'auras pas besoin de casque pour faire du cross dans les nuages avec ton ami Jean-Yves.
Tu as visité la France entière jusqu'à Monaco ; tu as voyagé en Corse, en Grèce, en Turquie, en Tunisie, au Maroc, au Canada, en Espagne, en Belgique, en Suisse, à Venise et aux Pays-Bas.
Autant de lieux et d'activités qui ont jalonné ta vie, et qui t'ont amené à jouer de nombreux rôles :
Tu as été un fils, un frère, un cousin, un tonton, un parrain, un gendre, un beau-père, un collègue et un ami dévoué, généreux, le cœur sur la main ; toujours disposé à aider et à dépanner par un coup de main, un bricolage, un prêt de matériel, une leçon de vie ou un apprentissage. Tu aimais tellement partager tes connaissances... et tu avais une façon bien à toi de les transmettre.
Pour Adrien, tu as été un papy plein d'amour, pédagogue et bienveillant, tellement heureux d'avoir un petit fils que le jour de sa naissance, à la saint Alain, toutes les personnes que tu as croisé, clients ou amis, on su sa taille, son poids et son heure de naissance. Tu avais 45 ans et la belle perspective d'en profiter au maximum.
Pour Valérie et moi, tes filles, même si tu en as toujours douté, saches que tu as pleinement rempli ta mission de Père. Tu nous a donné toutes les armes et les connaissances nécessaires pour affronter nos propres épreuves. Toujours présent et à l'écoute, prêt à nous aider en toutes circonstances, tu te plaisais à nous dire « Faites en sorte de ne jamais dépendre d'un homme par ce que des comme moi y'en a pas beaucoup ! » Et tu avais raison, tu as placé la barre sacrément haut ! Alors de tout notre Cœur, on ne peut que te dire un énorme MERCI pour tout cet Amour dont tu as fait preuve à notre égard. Désormais, c'est avec ta petite dernière Sandrine que tu pourras veiller sur nous de là-haut.
Et pour Maman, Claudine, Ta Doudou, tu as été un époux fidèle, aimant, attentionné, souvent exigeant mais d'un soutien sans faille. ELLE a été ta chance et ta force, une épouse et une mère dévouée. Presque 53 ans de mariage, durant lesquels vous avez affronter toutes les épreuves de la vie main dans la main, portés par votre amour sincère, complice et inébranlable. Tu n'aurais pas pu trouver meilleure femme à tes côtés pour faire front dans ton combat des dernières années ponctué par les traitements, les soins, les hospitalisations, les chirurgies, le handicap, les douleurs et tous les hauts et les bas que la maladie implique.
MAMAN, tu as été tellement courageuse, tellement amoureuse, tellement forte, tellement résiliente, tellement bienveillante dotée d'un Amour et d'une dignité inégalables. Tu mérites la gratitude, le respect et l'admiration de tous ceux qui ont connu et aimé ton chéri.
Alors tu vois Papa, tu as eu une sacrée vie quand même ! Et tu l'as pleinement vécue jusqu'au bout !
Même ces dernières années, tu as profité au maximum de chaque instant avec Maman et nous comme si la maladie n'était pas là, comme pour la faire taire. Et pourtant tu notais tout, tel un journal intime daté et détaillé, dans ton petit carnet vert, débuté le 12 février 2022 lors des premières douleurs aux jambes. Tes traitements, tes soins, tes repas, tes symptômes tout y est. Et dès le 13 avril 2024, tu as tout noté quotidiennement jusqu'à ce dernier mercredi 29 janvier. Tu voulais garder le contrôle pour mieux combattre, un vrai guerrier.
Même ces derniers mois, tu as continué de faire bonne figure face à tes proches, dans ton fauteuil, sachant que tu payais ensuite douloureusement chaque écart et chaque effort supplémentaire effectué.
Et même, même cette dernière semaine où tu as senti le départ approché, tu es resté toi jusqu'au bout. Pensant encore et avant tout aux autres, tu as trouvé la force, mardi 28 janvier, d'écrire un ptit mot à l'attention de nous tous présents aujourd'hui. C'est le petit mot qui accompagne ta photo et où tu as écrit de ta plus belle écriture, parfaitement lisible :
« Pardon de vous quitter, mais trop c'est trop de souffrance.
Je vous aime. Ne me pleurez pas.
Rappelez-vous les bons moments passés ensemble.
Adieu. »
Tu étais prêt à t'en aller.
Cette dernière semaine, tu nous a fait rire, tu nous as fait pleurer mais on ne t'a plus quitté un instant, se relayant pour être à tes côtés. T'accompagner ces derniers jours a été un véritable cadeau, certes émotionnellement éprouvant, mais avant tout magique. Car grâce à toi et à tes derniers éveils conscients quelques peu agités, tes « C'est quoi ce bordel ? » seront désormais notre phrase culte. Et si jamais un jour, on trouve le moyen de se joindre, tu n'auras qu'à dire « DONNE MOI LE SEAU !! » et on on saura à coup sûr que c'est toi.
Alors PAPA, à TOI, qui aimais la mer, et qui t'entraînais depuis quelques années à naviguer en virtuel, pour ton dernier voyage j'ai envie de dire : « Tiens bon la barre Capitaine !!! Gardes le cap vers la lumière... Vogues sur le flot des nuages.... Et surtout n'aies pas peur, tes p'tits matelots te feront honneur, tu restes à jamais dans nos cœurs.
Bon voyage Papa ! On t'aime . »